Botanique. Ces plantes qui changent de famille...
Un article de La Garance voyageuse explique pourquoi la classification des espèces à fleurs évolue.
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Ce n'est pas aux professionnels de l'horticulture qu'il faut rappeler l'importance de la nomenclature botanique. Certaines libertés sont parfois prises avec l'orthographe des noms de plantes, certaines confusions s'installent parfois, mais, grosso modo, la nomenclature est respectée. Cette précision permet aux acteurs de la filière de dialoguer sur la base d'un langage commun. Avec un bémol toutefois : la communication avec le consommateur. Du fait de la part grandissante des jardiniers néophytes peu soucieux de botanique, les dénominations latines passent au second plan pour céder la place au nom commun sur les chromos.
Une classification changeante
Les efforts des professionnels pour « parler la même langue » sont compliqués par des modifications régulières dans la classification des plantes. Cette dernière « n'est pas - pas encore ! - gravée dans le marbre », introduit Odile Poncy, dans un article paru en juin dans La Garance voyageuse, revue trimestrielle de vulgarisation botanique. Le système de classement « est, à chaque époque, fondé sur l'état des connaissances et sur les critères estimés importants pour distinguer, comparer, rapprocher... » Ces dernières décennies, la classification phylogénétique a pris le pas sur la classification classique, et la remplace désormais dans la plupart des milieux scientifiques et dans l'enseignement secondaire en France. Elle tient compte des degrés de parenté entre les espèces et de leurs relations évolutives (ou phylogénie). Pour ce faire, elle considère tous les caractères à valeur égale, qu'ils soient issus de l'anatomie, de l'embryologie, de la biologie moléculaire ou encore de la paléontologie, et les analyse grâce à l'informatique selon des démarches formalisées. La classification classique se base uniquement sur les ressemblances essentiellement morphologiques les plus visibles entre les espèces.
Naissance de l'Angiosperm Phylogeny Group
Ainsi, la phylogénie nous apprend que les crocodiles sont plus proches des oiseaux que des lézards et que le groupe des reptiles, tel qu'établi actuellement, n'a donc pas lieu d'être. Côté botanique, certaines « algues » ont rejoint les plantes vertes, d'autres les bactéries. La classification phylogénique ne sera appliquée aux angiospermes que dans les années 1990, donnant naissance à l'APG (Angiosperm Phylogeny Group, du nom du groupe de botanistes qui a produit cette classification). La dernière version de la classification APG, dite APG III, a été publiée au cours de l'année 2009. La flore de France Flora Gallica (éditions Biotope, 2014) suit cette classification. Les résultats de l'APG n'apportent pas de changement pour la majorité des grandes familles (Rosacées, Orchidacées, Arécacées, Fabacées...).
« Nombre d'autres voient leur contenu modifié par le passage de genres d'une famille à l'autre » : l'ordre des Lamiales, l'ordre des Liliales, les Dipsacacées et les Valérianacées intégrées dans les Caprifoliacées... Ainsi, les digitales et les véroniques ont quitté la famille des Scrophulariacées pour faire partie des plantaginacées (plantains). Le sceau de Salomon et le muguet sont entrés dans la famille des Asparagacées...
Valérie Vidril
Source : « Pourquoi la classification des plantes à fleurs a-t-elle changé ? », par Odile Poncy, La Garance voyageuse n° 106, été 2014, pp. 10-15.
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